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Les indices de nidification

UTILISATION DES CODES DE NIDIFICATION

DES OISEAUX EN ALSACE

 

- CONSIGNES ET TABLEAU DE CADRAGE -

 

Document à télécharger :  Tableau_des_codes_de_nidification

 

Préambule

Ces consignes sont conçues comme une aide à la décision pour les novices et nouveaux venus dans la région. Elles ne constituent en aucune façon un carcan rigide, tant il est illusoire d’aborder toutes les situations auxquelles peut être confronté un ornithologue sur le terrain, selon les différentes espèces. Au point que les observateurs chevronnés ayant une très bonne connaissance de la région peuvent largement s’en affranchir et faire confiance à leur propre jugement. De même, un respect aussi scrupuleux que possible des consignes ne préserve pas les observateurs d’une éventuelle demande de modification de la part des validateurs en cas de contexte particulier.

 

Il est essentiel d’apporter une attention particulière à la bonne utilisation des codes de nidification, afin de ne pas fausser les cartes de répartition des oiseaux nicheurs et leur phénologie de reproduction.

 

Les codes de nidification utilisés ici, que ce soit dans le texte ou dans le tableau, correspondent à ceux figurant dans Faune Alsace. Ils peuvent différer de ceux d’autres systèmes de codification (de Faune France par exemple, où le code 1 de Faune Alsace n’existe pas, ce qui entraîne un décalage de tous les codes).

 

 

Introduction

 

L’attribution de codes de nidification aux oiseaux observés n’est pas un exercice facile à cause des nombreux pièges qui peuvent se présenter.

 

Entre les hivernants qui s’attardent sans velléité de nidification, les migrateurs qui chantent lors de leurs haltes plus ou moins longues, les comportements d’amorce de nidification sans lendemain et les espèces qui paradent en plein hiver alors qu’elles nichent plus au nord, il faut être capable de faire le tri !

 

Dans ces différents cas de figure, l’application à la lettre des codes de nidification peut conduire à de nombreuses erreurs. Comme indiqué en préambule, leur usage demande une solide expérience de terrain et un minimum de connaissances préalables sur le statut des espèces dans la région où l’on observe.

 

C’est la raison pour laquelle il nous a paru nécessaire de réaliser ce document de cadrage sur le bon usage des codes de nidification dans le contexte de l’Alsace. Il est certain qu’il ne résoudra pas tous les problèmes, mais il permettra au moins à tout un chacun de progresser en évitant les pièges les plus fréquents et par là même, d’améliorer ses connaissances sur l’avifaune régionale.

 

 

Conseil de base

 

Il est important de ne jamais se précipiter dans l’utilisation d’un code de nidification, même si ce que l’on observe correspond au libellé de l’un d’eux. Il faut en toutes circonstances garder à l’esprit la possibilité d’un piège sous-jacent, qui peut lui-même s’avérer « possible », « probable » ou « certain » selon les cas !

 

 

Principes généraux sur l’utilisation des codes de nidification

 

-       bannir l’usage du code 1 qui est la porte ouverte à toutes les erreurs ;

-       impérativement rechercher les preuves d’une nidification certaine pour les espèces qui ne sont pas ou plus connues en tant que nicheuses en Alsace ; si aucune certitude n’est acquise lors de la première visite, il convient de retourner sur les lieux afin de vérifier ce qu’il en est réellement ou bien d’informer d’autres observateurs qui soient en mesure de le faire ;

-       dans le cas des oiseaux nicheurs rares, n’utiliser les codes possibles ou probables que si l’on est sûr de ne plus revenir sur place ; dans le cas contraire, il est préférable d’attendre de disposer de toutes les informations avant de décider s’il faut utiliser un code ou non, et lequel ; les validateurs se réservent par ailleurs le droit de modifier celui-ci en fonction des informations que d’autres observateurs auront éventuellement collectées sur le même site ;

-       ne pas oublier que l’usage des codes de nidification possibles ou probables ne se justifie que si l’on n’a pas une totale connaissance de ce qui s’est réellement passé. Si on dispose d’informations prouvant que finalement il n’y a pas eu nidification, il faut supprimer le code a posteriori (qu’il soit possible ou probable) car le doute n’existe plus.

 

 

Le tableau de référence

 

Le tableau indique mois par mois, le seuil inférieur des codes de nidification à ne pas dépasser pour chaque espèce. En d’autres termes, il est demandé de n’utiliser que les codes mentionnés dans les cases du tableau et ceux de valeur supérieure, pour le mois et l’espèce concernés. En dessous de ces valeurs seuils, vous vous exposez fortement à attribuer un code de nidification à des individus qui peuvent être de simples hivernants, ou migrateurs, ou oiseaux en dispersion, etc.

 

Ces préconisations sont donc faites pour limiter le plus possible les risques de confusion entre des oiseaux réellement nicheurs et ceux qui ne le sont pas.

 

 

Préconisations pour éviter les pièges les plus fréquents

 

En milieu et fin d’hiver :

-       pour toutes les espèces qui présentent une totale déconnexion - tant spatiale que temporelle - entre leurs sites de parade et leurs sites de nidification (Anatidés, Grue cendrée), n’utiliser que les codes 8 et plus, hormis pour le Canard colvert qui ne s’éloigne généralement guère de ses lieux de parade pour nicher (codes 6 et plus) ;

-       pour toutes les espèces qui chantent ou tambourinent en janvier-février, utilisation possible des codes 3 et 5. En effet, dans notre région, tous les oiseaux chanteurs de la période « hivernale » sont a priori des nicheurs potentiels, à l’exception du Troglodyte mignon et du Rougegorge familier pour lesquels il est recommandé de ne pas utiliser de codes de nidification avant le mois d’avril (apport d’individus hivernants qui chantent dans un but territorial en automne et en fin d’hiver), sauf en forêt où – sous toute réserve - il ne semble pas y avoir d’apport extérieur d’hivernants. Le Grand Corbeau peut commencer à avoir un comportement nuptial dès janvier, mais compte-tenu de son vagabondage important, il est préférable de ne pas utiliser de codes de nidification avant février lorsque ces oiseaux commencent à être un peu plus fixés.

 

En période de migration printanière :

-       espèces hivernantes attardées (Grande Aigrette, nombreux Anatidés, Tarin des aulnes, etc.) : utiliser des codes 8 et plus (5 et plus dans le cas du Tarin) ; pour la Grive draine hivernante répandue en plaine, ne pas utiliser les codes 3 et 5 avant avril en dehors des sites de nidification réguliers (Vosges, Sundgau/Jura alsacien et forêts mixtes du nord du Bas-Rhin, telles que les forêts du Mundat, de Haguenau et du Herrenwald à Brumath) ;

-       espèces nicheuses dont les individus de passage ne chantent pas lors de leurs haltes (alouettes, Gobemouche noir, fringilles, …), contrairement aux nicheurs locaux : utilisation possible des codes 3 et plus dès l’audition du premier chant ;

-       espèces nicheuses (Fauvette babillarde, Pouillot fitis, …) ou non (Grive mauvis) dont les individus de passage chantent lors de leurs haltes (pas systématiquement chez la Mauvis) : uniquement codes 6 et plus jusqu’à la fin du passage (fin avril, mi-mai, voire fin mai selon les espèces). Attendre la fin du passage permet de savoir quels sont réellement les oiseaux qui sont cantonnés et qui nicheront sur place. L’autre possibilité est de tenter de détecter un éventuel biotope inadéquat à la nidification, comme une Rousserolle effarvatte chantant dans un arbre en ville ou une Fauvette babillarde chantant 1 ou 2 jours dans la haie d’un jardin avant de disparaître pour le restant de la saison : dans ces cas, pas d’utilisation de codes de nidification. Pour les espèces communes vues dans leurs biotopes de nidification caractéristiques, les attributions de codes à des individus en réalité de passage ont peu de conséquences puisque les nicheurs sont de toute façon largement répartis dans la région (Rousserolle effarvatte). Il faut surtout être attentif pour des espèces rares ou peu répandues (Phragmite des joncs, Rousserolle turdoïde, …).

 

Au cours de l’été et en automne :

-       la migration post-nuptiale de certaines espèces (limicoles, Laridés, etc.) et la dispersion des jeunes volants (Laridés) peuvent être très précoces, dès juin pour certaines. Dans les deux cas, il ne faut pas conclure hâtivement à une nidification sur place ;

-       de plus, certaines de ces espèces se dispersent et migrent en groupes familiaux ce qui peut donner l’illusion d’une nidification sur place en cas de halte prolongée (certains Anatidés et Laridés) : dans leur cas, n’utiliser le code 13 que si l’on est en présence de jeunes qui effectuent leurs premiers vols (ou de jeunes non volants pour les Anatidés) ;

-       pour les espèces nicheuses dont une fraction - parfois importante - de la population estive sans nicher (Grèbe huppé, Cygne tuberculé, autres Anatidés, Foulque macroule, Laridés, …) : n’utiliser que les codes 8 et plus en dehors des sites typiques de nidification (6 et plus pour les Laridés). C’est aussi le cas de certains rapaces dont quelques individus estivent sans nicher (Busard des roseaux dans les cultures, Milan royal ici et là, Faucon pèlerin, etc.) ;

-       pour les espèces caractérisées par une dispersion estivale tout azimut des adultes et des jeunes volants (Ardéïdés de toutes espèces, sauf les deux « butors ») : éviter d’utiliser les codes possibles et probables à partir de mi-juin, surtout pour les espèces dont la nidification est occasionnelle (Héron pourpré) ou non formellement avérée à ce jour en Alsace (Bihoreau gris).

 

Le piège des oiseaux imitateurs :

Certains oiseaux chanteurs imitent le chant d’autres espèces ou intègrent des éléments du chant d’autres espèces dans leur propre chant. Le cas le plus connu est celui de l’Etourneau sansonnet qui imite le Loriot d’Europe. Mais d’autres espèces sont régulièrement ou occasionnellement des imitateurs de diverses espèces : l’Hypolaïs polyglotte, la Rousserolle verderolle et même la Fauvette à tête noire qui est capable d’imiter au moins une 20aine d’espèces différentes (Turdidés, Sylvidés, Paridés, Fringillidés, etc.).

 

Aussi, pour tout chant qui est anormalement précoce, qui est émis dans un biotope surprenant ou qui se rapporte à une espèce rarement signalée en Alsace, il est impératif de chercher à voir le chanteur pour confirmer son identité.

 

 

Utilisation des codes 30, 40 et 99

Dans les cas où l’on ne peut pas utiliser un code possible détaillé (par exemple un Goéland leucophée couché au sol sur un site inaccessible en période de reproduction et dont on ne sait pas s’il couve un nid ou non), le code 30 peut être employé.

 

De même pour le code 40 en ce qui concerne les nidifications probables (par exemple une famille de jeunes buses déjà bien volantes en août pour lesquelles le code 13 ne peut plus être utilisé).

 

Enfin, le code 99 (absence malgré recherches) n’est à utiliser qu’en cas de prospections spécifiquement dédiées à l’espèce correspondante et avec une méthode adaptée, dont les résultats s’avèrent négatifs.

 

 

Commentaires plus généraux

 

Problématique de la dimension « temporelle » dans l’attribution des codes de nidification

Selon les espèces, il peut s’écouler un temps plus ou moins long entre les premières manifestations territoriales et la nidification proprement dite. De plus, lorsqu’un mâle chante dans son territoire, cela signifie non seulement qu’il est peut-être en train de mener une nidification à l’instant précis où il est contacté, mais aussi (cas le plus général lors des premiers jours d’installation) qu’il va peut-être le faire dans un délai plus ou moins proche.

 

Chez les passereaux migrateurs, ce laps de temps est court. Il est donc logiquement possible d’attribuer un code de nidification compris entre 2 et 5 lors des contacts avec des oiseaux cantonnés ou qui s’installent.

 

Mais chez certaines espèces sédentaires au contraire, le temps qui s’écoule entre le début du marquage du territoire et la nidification proprement peut être très long. Au point que la formulation « délai plus ou moins proche » évoquée plus haut peut aller jusqu’à signifier l’année suivante ! Chez la Gélinotte des bois par exemple, le marquage du territoire et la formation des couples ont lieu en automne, tandis que la nidification ne survient qu’au printemps suivant, soit quelques mois plus tard (après une nouvelle phase d’activité territoriale et de resserrement des liens du couple au printemps), ce qui correspond en prime à un changement d’année calendaire. Cette activité territoriale ou de parade en automne s’observe également chez le Grand Tétras et plusieurs espèces de chouettes. D’un point de vue biologique, on pourrait être en droit d’attribuer les codes de nidification correspondants dès l’automne pour ces espèces (3 pour un chanteur, 4 pour un couple, 5 si le chant se poursuit plus d’une semaine, 6 si le couple parade, etc.), de façon à indiquer qu’une nidification aura peut-être ou probablement lieu à cet endroit, à une certaine échéance. Lointaine certes, mais avec le même degré de probabilité que dans le cas des passereaux migrateurs évoqués plus hauts chez lesquels l’intervalle de temps est beaucoup plus court entre les deux évènements. En poussant le raisonnement plus loin, pour toutes les espèces très sédentaires, un contact avec un oiseau adulte (surtout mâle) à n’importe quel moment de l’année dans son habitat constitue un indice possible de nidification (observation par corps, code 2) puisque cet individu réside toute l’année dans son territoire et que s’il niche, ce sera forcément dans son territoire (les jeunes quant eux se dispersent à des distances plus ou moins grandes en automne et pas toujours dans des biotopes où ils nicheront une fois adultes).

 

En pratique, on ne peut pas procéder de la sorte pour la raison suivante : lors de l’analyse des données (surtout en cas de traitements informatiques automatisés), ce que l’on qualifie de « délai plus ou moins proche » sera ipso-facto interprété comme « tout de suite » ou « à très court terme » au lieu de « au printemps suivant », ce qui fera faussement croire à une nidification effective en automne ou en hiver. Afin de contourner cette difficulté, il faut s’abstenir d’utiliser des codes de nidification possibles et probables en automne/début d’hiver quelle que soit l’espèce concernée, quand bien même ceux-ci seraient biologiquement justifiés dans l’absolu pour certaines d’entre-elles. Seuls les codes certains sont utilisables pour les quelques espèces qui se reproduire parfois en hiver (Ouette d’Egypte, Tourterelle turque, Pigeon biset semi-domestique, …).

 

La découverte d’un nid vide à l’arrière saison (code 12) nous confronte à la même problématique de décalage temporel. Si la découverte du nid survient quelques jours après qu’il ait été déserté par ces occupants ou au cours de la saison estivale, l’usage de ce code ne pose pas de problèmes particuliers, le décalage étant faible. Par contre, plus ce dernier devient important, plus cela devient problématique, notamment lorsque la découverte a lieu en fin d’hiver (c’est à dire dans une autre année calendaire !). Qu’on le veuille ou non, l’indice 12 de nidification certaine sera alors interprété comme une nidification ayant eu lieu au moment de la découverte, quand bien même cet indice concerne un nid vide. La meilleure solution pour pallier ce problème est de saisir la donnée à une date cohérente comprise dans la période d’envol des jeunes de l’espèce concernée et de préciser dans le champ remarque que la date retenue est arbitraire, tout en mentionnant la date réelle de découverte du nid vide.

 

Problématique de la dimension « spatiale » dans l’attribution des codes de nidification

De la même façon qu’il existe un laps de temps variable selon les espèces entre le début du marquage territorial et la nidification effective, il y a une très grande variabilité dans la taille des territoires entre chaque espèce (sans parler du cas particulier des espèces coloniales ou semi-coloniales …). Cela entraîne des divergences de vue entre observateurs dans l’usage et l’interprétation du code 2 qui indique la présence d’un individu dans son territoire de nidification. Certains le comprennent dans son sens premier, c’est à dire comme une présence dans le territoire de nidification, quel que soit la taille de celui-ci. D’autre l’interprète comme une présence près du nid.

 

Pour les espèces à petits territoires, telles que la plupart des passereaux, il n’y a aucune ambiguïté : un individu contacté dans un biotope favorable au cours de sa période normale de reproduction est à la fois potentiellement dans son territoire de nidification et potentiellement proche de son nid (en raison de la faible taille du territoire). Tout le monde s’accorde à valider l’usage du code 2 sur le lieu précis de l’observation.

 

Par contre, la difficulté provient des espèces à grand territoire (par exemple tous les rapaces diurnes), chez lesquels le lieu d’observation d’un des partenaires en chasse peut se situer à quelques kilomètres de l’aire. Dans un tel cas, les adeptes de la première interprétation (« présence dans le territoire de nidification » quelle que soit sa taille) utilisent le code 2 pour toute observation d’une espèce donnée en période de reproduction. Les seconds, quant à eux, réservent l’usage du code 2 uniquement dans les biotopes favorables à l’édification d’un nid. Par exemple, pour le Busard de roseaux les premiers utilisent le code 2 pour toutes les observations de cette espèce, que ce soit dans la roselière où se trouve potentiellement le nid ou dans les zones de chasse agricoles environnantes, même éloignées de 1 ou 2 km du biotope de nidification ; les seconds n’utilisent le code 2 que pour les observations effectuées dans la roselière ou ses environs immédiats.

 

En théorie, le code 2 se rapporte à une présence dans le territoire de nidification et non à l’emplacement précis du nid. Mais cette utilisation, juste sur le plan théorique, peut entraîner de nombreuses erreurs d’interprétation. Dans le cas du Busard des roseaux pris en exemple précédemment, l’usage du code 2 pour un individu observé en chasse dans un espace agricole peut faire croire qu’il s’agit d’un couple qui niche en culture parce que l’on a tous mentalement tendance à assimiler le lieu d’attribution du code de nidification au site de nidification lui-même. Pour les espèces à grands territoires, de tels cas de figure sont très répandus : le Faucon hobereau qui niche dans les arbres des bocages et lisières mais qui chasse dans les villages, le Milan noir qui niche dans les bois mais qui va s’alimenter à plusieurs kilomètres de là sur une décharge, le Faucon pèlerin qui niche sur une paroi rocheuse du piémont vosgien mais qui chasse en plaine, le Grand Corbeau qui niche dans un cirque glaciaire rocheux mais qui se nourrit sur les hautes-chaumes, etc. La Cigogne noire et les martinets sont des cas extrêmes d’espèces qui peuvent s’éloigner considérablement de leurs nids pour se nourrir. Dans ces cas, un même couple exploitant son territoire de nidification peut être contacté sur différents « carrés » atlas et laisser croire à la présence de plusieurs couples différents, alors qu’il n’y en a qu’un seul en réalité. Avant l’utilisation des balises de géolocalisation, le nombre de couples nicheurs de Cigognes noires en France avait été estimé à 22-35 couples en 1997 sur la base des observations visuelles et de la découverte de quelques nids. Cette estimation a été revue très nettement à la baisse en 1999 (12 couples) après l’équipement de plusieurs individus avec des balises, celles-ci ayant révélé que leur rayon d’action pouvait se compter en « dizaines de kilomètres » (cf. Villarubias et al. 2001, Ornithos 8 : 18-21). Il est également évident que les nombreux Martinets noirs en chasse sur les crêtes des Vosges en été ne nichent pas dans les quelques rares bâtiments présents à cette altitude, ni dans les cirques glaciaires rocheux, mais viennent des agglomérations des fonds de vallée.

 

Une fois encore, pour les espèces communes largement réparties, une utilisation du code 2 dans son sens le plus large aura peu de conséquences sur l’image réelle de la répartition des espèces concernées, étant donné qu’elles occupent toute la région (par exemple Buse variable et Faucon crécerelle) : l’abondance des données « écrase » les quelques erreurs qui pourraient être commises. Mais pour celles qui sont qualifiées de rares ou moyennement rares, la solution la plus pragmatique pour éviter les problèmes d’attribution de code de nidification possibles et probables, est de n’utiliser que ceux qui sont supérieurs à 5 (soit 6 et plus). Les validateurs ou les coordinateurs « espèces » de la LPO (Cigogne noire, Milan royal, busards, Faucon pèlerin) se chargeront de l’exploitation annuelle de l’ensemble des données (qu’elles soient pourvues d’un code ou non) en fin de saison, de façon à déterminer le nombre précis de couples nicheurs de chacune de ces espèces.

 

 

Christian Dronneau et l’équipe des validateurs,

Roberto d’Agostino, Jean-Marc Bronner,

Eric Buchel, Camille Hellio,

Thomas Lux, Nicolas Minéry,

Bertrand Scaar et Alain Willer

 

24 février 2020


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