C’est exact ! Six espèces ont été recensées à ce jour dans notre région.
Trois espèces de petite taille (18 mm), appartenant au groupe des « cigalettes » et dont les émissions sonores sont peu puissantes :
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la Cigalette à ailes courtes (= Cigale des coteaux) Cicadetta petryi ;
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la Cigale des montagnes Cicadetta montana ;
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la Cigale mélodieuse Cicadetta cantilatrix.
Une espèce de grande taille (30 mm) dont l’intensité des émissions sonores est comparable à celles des cigales méditerranéennes les plus connues :
Deux autres grandes cigales ont récemment fait leur apparition en Alsace :
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la Cigale grise Cicada orni ;
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la Cigale plébéienne Lyristes plebejus.
Leur présence reste à ce jour accidentelle sur notre territoire. Néanmoins, Cicada orni pourrait être amenée à s’implanter en Alsace dans les prochaines années.
3 années de vie souterraine pour seulement 3 semaines de vie aérienne !
La vie de la cigale est principalement souterraine puisque qu’elle y passe au moins 2 ans à l’état larvaire. Les individus creusent des galeries et se nourrissent de la sève des racines.

Source : www.cigale.info
À son dernier stade de développement, la larve atteint la surface et grimpe sur un support de végétation basse. C’est le moment du passage à l’état adulte laissant derrière l’exuvie, la « peau morte » de la larve.

Exuvie de cigale (Cicadetta sp.) récoltée à Altkirch (68), 2013 © Marc Solari.
Les adultes font surface de mai à juillet, vivent en moyenne 2 à 3 semaines et se nourrissent de la sève des végétaux. Les mâles « chantent » pour attirer les femelles dans le but de se reproduire.

Cigalette adulte (Cicadetta sp.) à Ungersheim (68), 2014 © Michel Ehrhardt
Comment déterminer les différentes espèces ?
En l’état actuel des connaissances, l’identification certaine des espèces à partir d’exuvies ou de spécimens adultes (vivants ou morts) n’est pas possible. Les critères de détermination sont inexistants ou ne sont pas jugés suffisamment fiables.
En revanche,les différentes espèces de cigales peuvent être identifiées avec certitude à partir de leurs émissions sonores appelées « cymbalisations ».
De la même façon que les oiseaux, chaque espèce de cigale possède un « chant » particulier. Ce « chant » est émis par des organes appelés « cymbales » d’où le nom de « cymbalisations » pour parler du chant des cigales.
Les cigales émettent des sons métalliques, de faible intensité, à des fréquences qui se situent à la limite du domaine audible par l’Homme. Il est fréquent que certaines personnes ne les perçoivent pas.
Avant de vous lancer dans la détermination sur le terrain, vérifier que vous entendez bien ces sons !
la Cigale à ailes courtes Cicadetta petryi

Poste de chant : Arbres, arbustes, herbes hautes, vigne…
Chant : phrase en crescendo d’une durée variant le plus souvent de 1 à 8 secondes se terminant systématiquement par un « tsit » caractéristique de l’espèce. Les phrases sont répétées à intervalle de temps court et relativement régulier.
Risque de confusion : certaines phrases peuvent être longues (> 10 secondes) pouvant rappeler Cicadetta montana (voir ci-dessous) mais le « tsit » final permet d’écarter cette dernière. Le « tsit » n’est pas toujours facile à entendre avec la distance. Il est conseillé de se rapprocher de l’individu et d’écouter plusieurs séquences pour bien l’identifier.
Où : Semble relativement fréquente dans les fruticées et le vignoble.
la Cigale des montagnes Cicadetta montana

Poste de chant : Arbres uniquement.
Descriptif : phrase en crescendo d’une durée généralement comprise entre 14 et 70 secondes se terminant par un léger decrescendo mais jamais par un « tsit ». Les phrases sont répétées à intervalle de temps relativement long (> 1 minute).
Risque de confusion : le regroupement de plusieurs chanteurs de Cicadetta brevipennis peut être perçu comme une phrase longue et continue de Cicadetta montana. Cette confusion peut être renforcée lorsque Cicadetta brevipennis chante dans les forêts pouvant être fréquentées par Cicadetta montana. Il s’agit de tendre l’oreille et de se focaliser sur un individu pour bien distinguer la durée de la phrase et le final
Où : Est à rechercher dans les forêts sèches de la plaine ou du piémont (chênaies, pinèdes).
la Cigale chanteuse Cicadetta cantilatrix

Poste de chant : Arbres, arbustes, vigne…
Descriptif : phrases très courtes faisant penser au « tsit » de Cicadetta brevipennis,répétées à intervalle de temps court, de façon régulière et légèrement trainante.
Risque de confusion : à priori aucun.
Où : Fréquente les fruticées et les forêts sèches. Espèce plus discrète que les deux précédentes.
la Cigale rouge Tibicina haematodes

Poste de chant : Arbres uniquement.
Descriptif : son très puissant par rapport aux espèces décrites précédemment, comparable en intensité aux cigales méditerranéennes bien connues que sont Cicada orni et Lyristes plebejus.
La phrase débute par 2 ou 3 notes caractéristiques.
Risque de confusion : à priori aucun. Les espèces proches se limitent au bassin méditerranéen.
Où : Cymbalisations puissantes. Fréquente aussi bien les vergers que les forêts sèches ou les grands arbres en bordure des cours d'eau.
la Cigale grise Cicada orni

Descriptif : Chant puissant et régulier.
Où : Les quelques mentions alsaciennes proviennent de parcs et jardins durant les mois de juillet et août.
la Cigale plébéienne Lyristes plebejus

Descriptif : Chant puissant et très rapide.
Où : Espèce d’affinité plus méridionale que la précédente. L’unique mention alsacienne provient de la ville de Strasbourg (bassin des remparts) où 2 individus ont été entendus en juillet et août dans des arbres au bord d’un canal.
Quand rechercher les cigales ?
En Alsace, les mois les plus favorables se situent autour de mai-juin pour les « cigalettes » et juillet-août pour les grandes cigales.
Les meilleures périodes de la journée correspondent aux moments les plus chauds : le plus souvent entre 11h et 15h en début de saison, plus largement lors des épisodes caniculaires.
Pour maximiser vos chances de les entendre, privilégier les journées peu venteuses et bien ensoleillées. Les cigales ont en effet tendance à s’arrêter de cymbaliser lorsque le soleil est voilé par des nuages.

Cigale rouge Tibicina haematodes (Soultzmatt-68) - photo A. André
Où les rechercher ?
Les cigales fréquentent les endroits les plus ensoleillés de la plaine d’Alsace jusqu’aux contreforts des Vosges (altitude maximum connue : 850 m.).
Un aperçu des milieux fréquentés par les principales espèces alsaciennes est présenté ci-dessous à titre d’exemple.
Les cartes compilant l’ensemble des données disponibles sur faune-alsace nous donnent un premier aperçu de leur répartition sur notre territoire.
Nous comptons sur vos observations pour venir compléter ces cartes !
Un premier inventaire des habitats fréquentés est présenté à titre indicatif pour chacune des espèces :
la Cigalette à ailes courtes Cicadetta petry carte
Vignoble Bosquets, haies, fruticées, friches sèches, jardins

Le Letzenberg à Turckheim (68), 2013 © Antoine André Le Zinnkoepfle à Westhalten (68), 2014 © Antoine André
la Cigale des montagnes Cicadetta montana carte
Forêts sèches et lisières forestières, bosquets

Forêt de chênes pubescents au Baerenthal Forêt de chênes pubescents au Schlossrain
à Pfaffenheim (68), 2014 © Antoine André à Osenbach (68), 2014 © Antoine André
Chênaie sessiliflore Lande avec genêts et chênes sessiles

Les châteaux de Ribeauvillé (68), 2015 © Antoine André Le Durrenbach à Lautenbach (68), 2015 © Antoine André
la Cigale mélodieuse Cicadetta cantilatrix carte
Forêts sèches et lisières forestières

Le Bannholz à Barr (67), 2014 © Antoine André Le Baerenthal à Pfaffenheim (68), 2014 © Antoine André
Bosquets, haies, fruticées et vignes

Le Bannholz à Barr (67), 2014 © Antoine André
Fruticée en lisière de pelouses calcaires
